OBJECTIFS DU CHAPITRE/RÉSUMÉ :

Le présent chapitre présente la chaîne d'approvisionnement alimentaire courte à travers les meilleures pratiques et des études de cas afin de permettre une meilleure compréhension des CAAC innovantes qui se développent dans tous les États membres de l'Union européenne. 

Il vise également à présenter les différences entre la vente directe traditionnelle et les nouvelles chaînes alimentaires alternatives. Enfin, il fournit un guide pratique pour l'installation et le renforcement d'un nouveau groupe d'agriculteurs et décrit les principales étapes de l'organisation des marchés.

MOTS CLÉS :

Chaîne d'approvisionnement alimentaire courte, système alimentaire alternatif, vente directe, coopération, bonnes pratiques innovantes, facilitateur.

OBJECTIFS D'APPRENTISSAGE :

Les principaux objectifs de ce chapitre sont de comprendre les différentes définitions des chaînes d'approvisionnement alimentaire courtes et alternatives et d'identifier les différents types de circuits courts. Le chapitre décrit les principales étapes de la mise en place des CAAC, ce qui fournira une ligne directrice facile à utiliser pour les futurs facilitateurs. 

Quelques astuces et conseils pratiques aident à mieux comprendre le processus d'organisation du marché et donnent une image plus large du rôle des facilitateurs ruraux.

INTRODUCTION

Les chaînes d'approvisionnement alimentaire longues soulèvent plusieurs questions telles que la durabilité de l'agriculture européenne à petite échelle, les dommages environnementaux dus aux longs canaux de distribution, la transparence et la perte de confiance dans la transformation industrielle des aliments. C'est pourquoi les agriculteurs, les experts du développement rural et, dans certains cas, les consommateurs et les communautés locales recherchent des moyens nouveaux et innovants pour relocaliser les chaînes alimentaires. Le développement de CAAC et l'implication des petits agriculteurs dans les systèmes alimentaires alternatifs peuvent constituer une réponse efficace aux défis susmentionnés (Kneafsey et al. 2013, Ilbery et al., 2004, Benedek et al., 2018). 

 

DÉFINITIONS DES CHAÎNES D'APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE COURTES ET DE LEURS PRINCIPAUX TYPES

La mondialisation du commerce de détail, et donc du commerce de détail alimentaire, est un processus long et organiquement intégré qui a commencé dans les pays occidentaux développés dès les années 1960. En raison de la mondialisation, les petits producteurs ont dû relever des défis pour pouvoir rejoindre les chaînes d'approvisionnement modernes et ont ainsi perdu une grande partie de leur marché. Ce processus s'est reflété dans les pays d'Europe centrale au début des années 1990.  Les petits agriculteurs de cette région souffrent toujours de la volatilité des marchés et de la vulnérabilité des longues chaînes d'approvisionnement. Aujourd'hui, ces canaux traditionnels vivent leur renaissance - de plus en plus de personnes découvrent les avantages de ce mode de consommation - mais il est compliqué de pouvoir opérer une chaîne d'approvisionnement courte et l'importance des facilitateurs est de plus en plus reconnue.

En ce qui concerne la situation actuelle, il convient également de mentionner que la pandémie mondiale de SARS-COV-2 a influencé les chaînes alimentaires et que l'accent a été mis sur les systèmes alimentaires locaux. En 2020, nous avons assisté à l'amélioration de l'approvisionnement alimentaire des communautés locales grâce à la valorisation des produits locaux. Comme les agriculteurs doivent continuer à produire, le rôle des facilitateurs est important pour rendre les aliments locaux disponibles pour les consommateurs.

DÉFINITION

Nous examinerons ci-après les définitions les plus pertinentes en rapport avec les CAAC. Il s'agit du système alimentaire local, des chaînes alimentaire alternatives, des CAAC et de la vente directe. Dans ce sous-chapitre, les catégorisations les plus fréquentes des CAAC seront présentées afin d'identifier les différences entre la vente directe et indépendante et les CAAC collaboratives.

Figure 1  Résumé des définitions pertinentes relatives aux chaînes d'approvisionnement alimentaire courtes. Source : Rastion (2015), Murdoch et al. (2000) et Kneafsay et al. (2015), composition propre.

 

Figure 2 Définitions de la vente directe et des chaînes d'approvisionnement alimentaire courtes sans (1) et avec (2) un intermédiaire Comprendre les différentes définitions. Source : composition propre.

 

Figure 3 Système alimentaire local. Source : composition propre.

 

La définition de la chaîne d'approvisionnement alimentaire courte (ci-après CAAC) explique le système de relation entre les agriculteurs et les consommateurs dans un sens plus étroit, mais des différences importantes peuvent être notées parmi les États membres. Pour résumer l'objectif des chaînes alimentaire courtes :

• Réduire la distance - tant physique que personnelle - entre les agriculteurs à petite échelle et les consommateurs.
• Stabiliser le revenu des producteurs agricoles ;
• Fournir au consommateur des aliments sains et produits localement ;
• Diminuer la pollution environnementale ;
• Créer une politique d'approvisionnement alimentaire basée sur des fonds réels ;
• Lutter contre la diminution des terres agricoles.

En outre, il peut être avantageux pour l'économie locale que le nombre d'emplois dans la région puisse même augmenter en raison de la demande des consommateurs pour des cultures à forte intensité de main-d'œuvre.

Il est difficile de trouver la définition parfaite, mais les principales caractéristiques sont les mêmes de tous les points de vue. La question la plus importante est celle de la proximité (économique, sociale, environnementale et spatiale) dans la plupart des termes utilisés en alphabétisation.

Conformément au règlement relatif au soutien au développement rural par le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (règlement (UE) n°1305/2013 du Parlement européen et du Conseil abrogeant le règlement (CE) n° 1698/2005 du Conseil), on entend par "chaîne d'approvisionnement courte" une chaîne d'approvisionnement impliquant un nombre limité d'opérateurs économiques engagés dans la coopération, et le développement économique et local ainsi que des relations géographiques et sociales étroites entre les producteurs, les transformateurs et les consommateurs.

Il est important de noter que ce règlement reconnaît l'importance des relations sociales entre toutes les personnes impliquées dans la chaîne alimentaire et ce point est également très important pour comprendre comment les CAAC collaboratives fonctionnent.

Un règlement délégué de la Commission stipule que le soutien à la mise en place et au renforcement des chaînes d'approvisionnement courtes ne couvre que les chaînes d'approvisionnement n'impliquant pas plus d'un intermédiaire entre l'agriculteur et le consommateur (Article 11) (Kneafsay et al., 2015). 

Cette définition doit avoir été mise en œuvre dans chaque pays en cas de soutien aux chaînes d'approvisionnement alimentaires courtes dans le cadre du programme de développement rural 2014-2020. Bien qu'il faille souligner que plus d’autorités l'utilisent comme une définition généralement acceptée.

Différentes manières de vendre dans les chaînes alimentaires courtes

Des marchés de producteurs aux systèmes de boîtes ou à l'agriculture soutenue par la communauté, il existe une grande variété de chaînes d'approvisionnement alimentaire courtes et de systèmes alimentaires locaux. La typologie peut être aussi large que la définition elle-même. Deux grandes catégorisations sont utilisées dans la pratique : la première voit les chaînes s'il y a 0, un ou quelques intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs, la seconde observe les CAAC du point de vue des catégories de vente.

     A. Nombre d'intermédiaires

À partir de cette approche, nous pouvons distinguer les ventes directes et les chaînes courtes lorsque le consommateur et le producteur sont en contact direct et le second type est celui où un (ou le moins possible) acteur intermédiaire se trouve entre eux. Du point de vue de cette catégorisation, il est très important que le producteur réalise ses ventes individuellement ou en groupe, car les diverses activités nécessitent des compétences et des facteurs différents, qui ont une influence sur l'investissement et la motivation (tableau 1). Dans le cas d'une échelle individuelle, nous pouvons toujours parler de chaînes d'approvisionnement alimentaire courtes si les agriculteurs travaillent avec d'autres agriculteurs ou parties prenantes pour coopérer afin de produire, transformer, transporter ou vendre ensemble. Toutefois, ces définitions ne sont pas couvertes par les cadres réglementaires. Le principal est toujours l'endroit où la valeur ajoutée est créée et comment les agriculteurs et les consommateurs peuvent être dans une situation gagnant-gagnant.

 

Vente Directe	Méthodes de vente individuelle	Vente à la ferme (magasin de producteurs) Vente sur le marché local Vente sur le bord de la route Mobil shop (camionnette) Service de livraison à domicile Vente à un groupe permanent de clients réguliers Internet Vente à domicile Machines alimentaires installées
	Vente collective	Magasin (commun) géré par des coopératives ou une association sans but lucratif Production, transformation et/ou commercialisation et/ou vente commune Agriculture soutenue par les consommateurs (CSA) Magasins de coopératives
Méthodes de vente à court terme	Vente aux détaillants dans la région	Système de livraison à domicile via un intermédiaire Détaillants de produits alimentaires Chaîne commerciale régionale Magasins de producteurs Grand magasin bio Vente au détail d'aliments sains Magasins vendant des spécialités de repas/aliments Remises Magasins de coopératives
	Vente aux cuisines de la région	Restaurants Cantine scolaire Cantine sur le lieu de travail

Tableau 1 : Catégorisation du système d'approvisionnement alimentaire alternatif. Source : Restructuré par le rapport Altafoods (2012).

 

     B. Aspects logistiques

La classification par aspect logistique indique quels participants doivent se déplacer pour réaliser la vente. Elle est importante pour déterminer les besoins en marketing et en développement logistique. En plus, selon la réglementation allégée de la CAAC qui s'applique aux petits producteurs, les différentes formes de commercialisation peuvent être utilisées à différentes distances géographiques par les petits producteurs. La vente de porte à porte et les délocalisations temporaires, par exemple, font partie des formes les plus restreintes tandis que la vente sur le marché et la livraison sont les formes les moins limitées.Cela signifie que les réglementations nationales en matière d'hygiène alimentaire, au niveau national (les exigences générales en matière d'hygiène pour tous les exploitants du secteur alimentaire 1 Règlement (CE) 852/2004) ne permettent pas de transporter des denrées alimentaires locales sur plus de 40-50 kilomètres dans certains cas. De ce point de vue, la distance et la logistique sont importantes. Ainsi, qui se déplacera dans la chaîne, les consommateurs ou les producteurs.

Figure 4 Types de marketing et cadre du CAAC. Source :  Hungarian RDP 2014-2020 Juhász (2014.) based on Nihous (2008), Kneafsey et al. (2013) and Juhász et al., (2012).

 

La détermination des produits typiquement commercialisés dans les chaînes d'approvisionnement courtes est étroitement liée à la définition des CAAC. Nous distinguons trois types de produits CAAC qui déterminent les circuits courts applicables ; par exemple, les marchés de niche peuvent être vendus sur des marchés touristiques ou urbains (Juhász, 2014).

Produit CAAC d'autosuffisance : produits non transformés provenant principalement d'entreprises sociales et d'exploitations agricoles autosuffisantes. Ces produits sont principalement utilisés dans la restauration collective des collectivités locales qui visent à atteindre l'autosuffisance.

Développement économique Produit CAAC : produits agricoles fiables qui représentent une partie de la consommation alimentaire habituelle des ménages.

• Produit non transformé : produit de base d'origine végétale, viande fraîche (demande plus importante, achat plus fréquent, valeur unitaire plus faible, l'effet de la saisonnalité est fort)
• Produit transformé (demande plus faible, achat moins fréquent, valeur unitaire plus élevée, l'impact de la saisonnalité est faible)

Produit CAAC de niche : produits uniques à haute valeur ajoutée. Ces produits peuvent être commercialisés pour des occasions spéciales comme cadeaux.

LE FACILITATEUR

L'un des facteurs clés du succès de la mise en place et du soutien des CAAC collaboratifs est la présence d'un coordinateur qui doit souvent agir comme médiateur/facilitateur/animateur plutôt que comme leader. (Kneafsay et al., 2015). 

Pour qu’une CAAC soit réussie, il est nécessaire de coordonner les relations entre les acteurs. La planification est également importante pour être en mesure de répondre aux besoins des consommateurs. Ces personnes spécialement formées seront en mesure de faciliter l'accès au marché des petits agriculteurs, car elles pourront organiser les associations d'agriculteurs, résoudre les conflits entre les agriculteurs et les consommateurs, rechercher des soutiens spéciaux, analyser les changements des marchés et aider les actions de marketing.

Cette activité est l'un des principaux moteurs de la cohésion sociale et de l'innovation sociale, car la réforme de la coopération entre les agriculteurs locaux, les consommateurs et les citoyens est essentielle au développement des chaînes d'approvisionnement alimentaire courtes. Ces personnes qualifiées doivent être capables de générer des activités d'innovation sociale sur leurs territoires. Les personnes qualifiées localement sont capables de construire de nouveaux réseaux, diversifier la coopération locale et créer de la valeur ajoutée en liant les agriculteurs locaux, les consommateurs et les acteurs ruraux. Elles deviendront toutes des entrepreneurs sociaux car elles contribueront à reconstruire et réidentifier la matrice de coopération locale pour une meilleure qualité de vie et des zones rurales plus attrayantes.

Dans de nombreux pays, les facilitateurs sont chargés de mettre en place les groupes CAAC et de les organiser. Les principales étapes de la mise en place sont les suivantes :

• Réalisation de l'inventaire
• Analyse du système alimentaire
• Phase préparatoire de l'alignement
• Formations et éducation
• Planification d'activités communes

 

LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES CAAC EUROPÉENNES

Comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents, le nombre élevé d'étapes et la distance croissante entre la production et la consommation sont à la base de la "révolution" apportée par les initiatives de CAAC, particulièrement en Europe. Le contenu est basé sur 18 études de cas dans le cadre du projet Smartchain et d'anciens programmes financés par l'UE.

Les CAAC ont fait l'objet d'une plus forte attention politique à la lumière des résultats bénéfiques qu'elles sont susceptibles d’apporter pour l'économie, l'environnement et la société dans son ensemble (EIP-AGRI, 2015 ; Kneafsey, 2013 ; Galli et Brunori, 2013). Cependant, la mesure dans laquelle les CAAC contribuent à la durabilité reste une question ouverte sur de nombreux points. Les avantages environnementaux des CAAC - concernant les kilomètres alimentaires, l'empreinte carbone, l'utilisation de produits chimiques - sont toujours examinés par les chercheurs.

Figure 5 : Principales caractéristiques des CAAC européennes. Source : Euractive (2018) et Augère-Granier (2016), composition propre.

 

Figure 6 - Avantages économiques et sociaux des CAAC, source : composition propre

 

GUIDE PRATIQUE POUR LES DÉBUTANTS AFIN DE FACILITER LES CAAC

Ce sous-chapitre traite de l'aspect pratique de l'organisation de la CAAC. Comme il a déjà été mentionné, les personnes clés de la réussite des collaborations CAAC sont les coordinateurs qui sont nommés dans notre guide ‘facilitateur’, ‘animateur’ ou encore ‘organisateur’. 

Tout d'abord, nous donnerons des conseils pour l'organisation du marché puis les "Exercices" des meilleures pratiques européennes donneront une présentation exacte des solutions adaptables.

Principales étapes de la mise en place de groupes sur les chaînes d'approvisionnement alimentaire courtes :

Figure 7 Processus en plusieurs étapes pour l'établissement des groupes de la CAAC. Source : composition interne basée sur Kujáni, 2018.

 

Étape 1 : Définir vos objectifs et ceux de la communauté

Identifier les motivations communes et locales

Tout d'abord, il faut répondre à quelques questions avant de commencer les actions collectives sur notre territoire :

• Pourquoi voulons-nous initier ce projet ?
• Quel est l'intérêt de notre communauté ?
• Quels sont mes objectifs personnels ?

Dans le cadre de ces questions, nous essayons de déterminer l'objectif principal de nos projets. Trouver des partenaires pour nos objectifs sera plus facile si nous pouvons déterminer les objectifs qui correspondent à nos intérêts et à ceux de notre communauté.

• Soutenir les petits agriculteurs (dont l'activité principale n'est pas la production agricole)
• Renforcer les exploitations agricoles familiales et multifonctionnelles.
• Reconnaître les produits locaux
• Aider les agriculteurs et les acteurs locaux à coopérer entre eux.
• Accroître les intérêts des consommateurs et répondre aux demandes des consommateurs locaux.
• Inclure les destinations touristiques
• Stimuler le développement économique local
• Créer sa propre entreprise
• Développer l'agriculture urbaine

 

Identifier les actionnaires locaux

L'identification des parties prenantes locales est une étape clé pour atteindre des partenaires potentiels.  Plus l'éventail des parties prenantes coopératives est large, plus l'ancrage local de votre projet sera fort.  Essayez de recruter de plus en plus de partenaires enthousiastes, de volontaires et certainement d'agriculteurs, de producteurs alimentaires ou d'artisans pour votre projet.

 

Identifier les actionnaires locaux

AGRICULTEURS, PRODUCTEURS DE PRODUITS ALIMENTAIRES, ARTISANS	RESPONSABLES POLITIQUES ET  AUTORITÉS PUBLIQUES	GOUVERNEMENTS LOCAUX
EXPERTS : AGRICULTEUR, TECHNOLOGUE ALIMENTAIRE, ÉCONOMISTE RURAL	ENTREPRENEURS LOCAUX, RESTAURANTS, SERVICES DE RESTAURATION	COOPERATIVES, ASSOCIATIONS, ONGs, RÉSEAUX NATIONAUX ET INTERNATIONAUX, ASSOCIATIONS DE CONSOMMATEURS
	AGENTS D'INNOVATION, FORMATEURS, CONSEILLERS

 

Figure 8 Types d'acteurs locaux. Source : composition personnelle.

 

Étape 2 Faire une analyse du système alimentaire

Analyse des dotations locales

Dans cette étape, nous étudions les circonstances locales pour savoir avec quels outils nous pouvons atteindre nos principaux objectifs. Il peut s'agir d'une étude de faisabilité résumée qui peut décrire les possibilités pour les acteurs locaux ; plus tard, vous pourrez l'utiliser pour des demandes de financement.

Dans cette étape, d’autres questions doivent être soulevées :

Comment est la production agricole sur notre territoire ? Existe-t-il des aliments traditionnels locaux ou protégés ? Quels sont les principaux légumes et fruits produits, les animaux d'élevage ?

• Qui sont les transformateurs, par exemple : les abattoirs, les boulangeries ?
• Qui sont les agriculteurs et quelle est l'importance de leur potentiel de production ?
• Qui sont les acteurs des chaînes (longues, courtes) ?
• Où les gens dépensent-ils leur argent pour se nourrir ?
• Quels sont les principaux obstacles pour les agriculteurs lors de leurs ventes ?
• Qui sont les consommateurs potentiels dans notre région ?

En menant un questionnaire sur la perception des consommateurs, on peut obtenir davantage de connaissances sur leurs habitudes d'achat, leurs attentes en matière d'alimentation et leur attitude à l'égard des aliments locaux.  Dans cette étape, la proposition de valeur (voir le chapitre "Réflexion commerciale pour les responsables ruraux") est un outil pour une planification commerciale plus précise.

L'examen des CAAC qui fonctionnent déjà permet de comprendre les obstacles et les perspectives de la vente de produits alimentaires locaux. Nous pouvons également déterminer quels canaux peuvent fonctionner localement. À la fin de cette étape, nous pouvons diagnostiquer les problèmes réels des acteurs locaux et définir les réponses possibles ; identifier les acteurs et partenaires locaux. En outre, nous pouvons connaître et définir notre territoire, la localisation de notre projet. Cela permet de savoir si celui-ci est assez étendu pour fournir à nos consommateurs un large assortiment de produits locaux frais ou s’il doit être étendu. 

b) Sélection des agriculteurs et des produits (système de contrôle)

Dans cette étape, vous devez créer une sélection et un système de contrôle pour votre activité. Vous allez simplement identifier les critères de sélection de vos partenaires. Nous vous suggérons de le faire en collaboration avec les agriculteurs et les autres parties prenantes. Ce système de critères vous permettra de contrôler les agriculteurs et de maintenir le niveau de qualité pré-identifié. Vous pouvez déterminer des critères comme conditions de base pour entrer dans le groupe. Sur de nombreuses CAAC, on constate que les facilitateurs aident les agriculteurs à utiliser les ressources nationales et européennes pour être éligibles aux conditions du CAAC. Il s'agit également d'un bon outil pour mettre à l'épreuve les agriculteurs ou les détaillants qui trichent, et instaurer la confiance avec les consommateurs et les partenaires.

Figure 9, Système de critères, Source : composition personnelle

 

Lors de la mise en place de la coopération, vous devez définir clairement vos attentes vis-à-vis des agriculteurs et définir les critères d'adhésion qui garantiront la transparence de votre groupe. 

Il est important de prendre la décision ensemble sur ces critères et de les inscrire dans un accord/une charte interne afin d'éviter tout conflit d'opinion ultérieur. Ces critères doivent être contrôlés régulièrement et vos partenaires avertis en cas de changement.

 

Étape 3 : Phase préparatoire de l'alignement

Après avoir pris la décision initiale de coopérer et de faire de la CAAC, vous devez choisir parmi les formes juridiques les plus adaptées qui peuvent servir vos objectifs d'achat et de collaboration. 

En outre, vous devez passer en revue toutes les réglementations connexes, étape par étape. En tant que facilitateur, il vous incombe d'avertir les agriculteurs et les vendeurs des réglementations concernant la production alimentaire, les étiquettes, les vignettes et le commerce. Dans de nombreux cas, la compréhension d'un cadre réglementaire complexe représente le plus grand défi et les plus grands obstacles pour les groupes. L'UE et les États s'efforcent de fournir des lignes directrices pour les réglementations relatives aux petites exploitations agricoles et à la restauration collective qui peuvent aider au point de départ.

Cadre réglementaire

• Forme juridique appropriée
• Système fiscal : Catégories de TVA
• Droit commercial : quels types de circuits courts existent ?
• Réglementation en matière de sécurité alimentaire
• Droit du travail
• Réglementation sur la vente directe spéciale ou en CAAC
• Étiquettes
• Vignette
• Promotion

Diversification

• Formes d'organisation formelles et informelles
• Quels types de formes juridiques existent ?
• Quel est l'objectif de la coopération ?
• Partage des ressources, augmentation du pouvoir de négociation, partage des coûts
• Quel type d'activités souhaite-t-on partager ?
• Production, transformation, conditionnement, promotion, stockage, distribution, vente, publicité.
• Qui sont les consommateurs ?
• Quels types de relations existent entre les acteurs ?
• Produits alimentaires ou non alimentaires

 

Étape 4 : Recruter et mobiliser les agriculteurs

Afin d'entrer en contact avec votre groupe, vous devez prendre votre temps et rendre visite à tous les agriculteurs en personne. Vous pouvez créer un groupe composé d'agriculteurs et d'autres parties prenantes qui organisent les visites et s'assurent du respect des critères, notamment de la propreté.

Si vous voulez impliquer les agriculteurs, vous pouvez organiser des dégustations, des ateliers où ils peuvent se présenter et présenter leurs produits aux consommateurs, aux chefs cuisiniers et aux restaurants, etc.

Nous vous recommandons de créer une communauté forte à partir de vos agriculteurs, de discuter avec eux et de les écouter.

Chaque opinion compte. Vous devez faire attention à l'opinion de vos agriculteurs concernant le travail commun et être un bon leader, pas seulement un patron.

Quelques conseils pour créer une équipe soudée à partir de vos agriculteurs :

• Organisez des voyages d'étude pour visiter les bonnes pratiques (consacrez du temps aux activités sociales)
• Organisez des événements sociaux, des ateliers, des formations concernant le développement de vos activités.
• Célébrez les anniversaires de votre équipe

Étape 5 : Gérez votre groupe

Si vous avez déjà une forte communauté d'agriculteurs, ne la laissez pas s'effondrer. N'oubliez pas que le maintien de cette entente est un travail difficile, mais il en vaut la peine !

Activités quotidiennes d'un excellent facilitateur :

• Agir en tant que personne de contact principal du marché.
• Superviser les opérations quotidiennes du marché
• Collecter les frais d'utilisation
• Obtenir les permis et les assurances nécessaires
• Faire respecter les règles et règlements
• Recruter des agriculteurs et des bénévoles locaux parmi les consommateurs enthousiastes
• Contrôler les agriculteurs et la gamme de produits
• Écarter les tricheurs
• Traiter les plaintes et les litiges
• Travailler avec le conseil d'administration du marché ou de la CAAC
• Établir des contacts solides avec la communauté

UNE ORGANISATION DU MARCHÉ LOCAL ATTRACTIVE.

Comme on a pu le voir dans les chapitres précédents, la chaîne d'approvisionnement alimentaire courte a plusieurs formes, mais elles ont toutes le même objectif : rapprocher les produits fabriqués localement des citoyens locaux. Les marchés de producteurs sont l'une des formes les plus importantes de vente directe. Mais la mise en place et l'exploitation d'une forme aussi populaire de CAAC ne semble pas si facile. Il y a plus de questions à prendre en compte lors du lancement d'un nouveau marché de producteurs. Cette partie du chapitre a pour but de donner quelques conseils pratiques aux organisateurs de CAAC qui souhaitent mettre en place un marché de producteurs réussi.

Emplacement et heures d'ouverture

Le choix d'un lieu approprié pour le marché est un élément clé de notre succès. Le lieu du marché doit être facilement accessible par les transports en communs et en voiture. Vous avez besoin d'une place de parking dédiée si cela est possible sans frais de stationnement. 

Des places de parking proches pour les vendeurs sont nécessaires. Le nombre de clients peut être augmenté en trouvant un endroit proche d'autres magasins.

Quelques questions à considérer :

• Se trouve-t-il sur l'herbe ou sur un sol stable ? Comment pouvez-vous protéger votre terrain dans des conditions météorologiques extrêmes ?
• Est-il possible d'utiliser l'emplacement sur le long terme ? L'entrée sur le marché est un processus de longue haleine. Si vous n'avez pas l'autorisation d'utiliser l'emplacement pendant plusieurs années, vous devez chercher d'autres options.
• S'agit-il d'un endroit couvert ou non ? Si ce n'est pas le cas, les tentes des agriculteurs peuvent-elles être fixées facilement ? Le marché peut-il être organisé en cas de mauvais temps ? Les agriculteurs ont-ils des tentes ou devez-vous en installer quelques-unes ?
• Combien de vendeurs souhaitez-vous inviter sur votre marché ? Avez-vous assez de places pour eux ?

Avant de choisir un emplacement pour votre marché, veuillez vérifier la réglementation de votre pays concernant les exigences en matière d'hygiène !

Avant de définir les heures d'ouverture, vous devez examiner les autres marchés dans votre environnement :

• N'organisez pas votre marché les mêmes jours que vos rivaux.
• Déterminez les groupes cibles de vos consommateurs et adaptez vos heures d'ouverture à leurs attentes.
• Si vous avez choisi le ou les jours et heures appropriés, ne les modifiez pas souvent ! Les clients ne le supporteraient pas.
• Les jours de marché extraordinaires doivent être annoncés longtemps à l'avance et faire l'objet d'une promotion parallèle sur plus de canaux de marketing.

Avant de promouvoir et d'ouvrir votre marché, faites attention et obtenez toutes les licences requises par la réglementation de votre pays !

Agriculteurs et consommateurs

Tous les agriculteurs présents sur les marchés de producteurs vendent leurs propres produits. Les organisateurs du marché doivent vérifier si les agriculteurs vendent ou non leurs propres produits. La visite des fermes est le meilleur outil de vérification et permet de renforcer la confiance entre les agriculteurs et les organisateurs. Vous devez maximiser le nombre d'agriculteurs et la distance à laquelle ils peuvent venir. La distance de vente entre la ferme et le marché est généralement réglementée par le gouvernement.

Les consommateurs aiment les marchés qui offrent de la variété. Vous devez fournir les produits alimentaires de base tout au long de l’année. Cela dit, les consommateurs aiment aussi les spécialités, faites-y attention au moment de recruter vos producteurs !

Examinez la demande de vos consommateurs, préparez une étude de marché !

Règles

Pour une opération fructueuse, vous avez besoin de documents écrits, qui régissent les droits et les obligations. Certaines règles proviennent des autorités de votre pays, d'autres de votre décision commune avec les agriculteurs.

La prise de décision commune accroît l'engagement. Les règles doivent être acceptées par tous les agriculteurs.

N'ayez pas peur d'élargir votre liste. Le marché évolue, vous ne pouvez pas prévoir toutes les situations.

En tant qu'organisateur de marché, vous devez prévoir et arbitrer les conflits entre agriculteurs ou même entre consommateurs et agriculteurs. Des connaissances en gestion des conflits vous seront utiles.

Certaines règles sont également valables pour les clients, comme l'interdiction de fumer ou le port du masque, etc.

Figure 10 : liste de contrôle pour les organisateurs de marchés de producteurs. Source : composition personnelle

 

Coordination et contexte financier

Tout d'abord, vous avez besoin d'une équipe efficace pour coordonner le marché. Vous pouvez impliquer plusieurs organisations telles que la chambre d'agriculture, les ONG, les autorités publiques locales, les organisations religieuses, les clubs de jardinage, les personnes âgées et les bénévoles enthousiastes. Ces parties prenantes peuvent vous aider non seulement dans l'organisation, mais aussi dans le contexte financier.

Vous avez besoin d'un plan pour le fonctionnement annuel de l'entreprise, avec une liste des dépenses et des revenus. Il doit être en équilibre. Si ce n'est pas le cas, vous devez envisager d'augmenter les frais. Mais vous devez prendre soin des revenus de vos agriculteurs sur le marché. Des fermes de tailles différentes peuvent payer des frais différents ou vous pouvez également demander à certains organismes de votre entourage de soutenir votre marché.

Promotion et événements spéciaux 

Soyez visible !

Utilisez les canaux de marketing en fonction des groupes cibles de vos clients ! 

Les jeunes peuvent être atteints par les médias sociaux, les seniors préfèrent les prospectus ou la radio podcast. Les panneaux permanents, les bannières sur le lieu du marché du marché sont efficaces pour chaque groupe cible.

L'organisation d'un événement spécial sur votre marché peut générer une promotion gratuite et gagner de nouveaux clients. Le marché est un lieu de rencontre pour la communauté locale. Ils ne vont pas seulement au marché pour faire leurs courses, mais rencontrent de vieux amis, discutent et essaient de nouvelles recettes, ou participent à des événements culturels.

Types d'événements suggérés :

• musique
• dégustation de nourriture
• cuisine avec des chefs locaux à partir d'ingrédients locaux
• événements pour les fêtes (Noël, etc.)
• activités pour les enfants, ateliers d'artisanat

Créez des événements spéciaux pour toute la famille !

Conseils liés à la COVID

L'année 2020 a apporté une nouvelle expérience avec la situation de la Covid-19 et les marchés de producteurs doivent s’adapter à la nouvelle série de règlements internes. C'est pourquoi nous avons recueilli quelques suggestions issues de la pratique pour faciliter l'organisation : 

Informez vos agriculteurs et vos clients de la situation sanitaire en vigueur et vérifiez la réglementation de votre région régulièrement !

Recommandations :

• assurer une distance physique
• exiger que chacun se couvre le visage
• s'assurer du lavage ou de la désinfection des mains
• nettoyer et désinfecter régulièrement les surfaces
• assurer la possibilité de payer par carte

CONCLUSION :

Le chapitre a mis en lumière le fait que les CAAC ne signifient pas nécessairement de nouvelles actions, mais le renouvellement des interactions d'achat traditionnelles. Cependant, les agriculteurs doivent s'adapter aux nouvelles tendances et aux demandes des consommateurs. C'est pourquoi un mode de vente innovant pourrait offrir davantage de possibilités pour un système de petite agriculture plus durable, moins vulnérable et économiquement viable. Dans de nombreux cas, les agriculteurs ont besoin d'une aide extérieure pour la coopération et les actions de marketing.  Ce chapitre aide à lancer ces projets avec les parties prenantes locales en comprenant le processus principal des CAAC.