Compétences en leadership

Résumé :

Ce chapitre énumère les compétences qu'un facilitateur rural doit avoir pour réussir, à savoir, la gestion du temps, la gestion des risques, la prise de décision et les compétences en négociation. Ces compétences sont individuellement et collectivement utiles pour construire la chaîne d'approvisionnement alimentaire courte, qui est l'objectif ultime de la gestion de celle-ci. Ce chapitre expliquera pourquoi elles sont utiles, et comment ces qualités peuvent être utilisées.

Mots clés :

Gestion du temps. Gestion du risque. Prise de décision. Négociation. Leadership

Objectifs d'apprentissage :

Les facilitateurs ruraux assument le rôle de leaders pour ceux qu'ils assistent. Il est donc important qu'ils développent certaines compétences qui leur permettront d'être de bons leaders et d'apporter de plus grands changements. Ce chapitre explique les compétences sur lesquelles les facilitateurs ruraux devraient se concentrer, ainsi que la manière dont ils peuvent les utiliser en pratique.

Les objectifs d'apprentissage de ce chapitre sont les suivants

  • Développer une connaissance de base des compétences que les animateurs ruraux devraient avoir ;
  • Comprendre comment ces compétences aident les animateurs ruraux à aider leurs clients ;
  • Comprendre l'impact final d'une facilitation rurale efficace.

Introduction

Ce chapitre présente et explique les compétences nécessaires en matière de leadership que doit posséder un facilitateur rural. La mondialisation du monde moderne a entraîné un changement des priorités, des valeurs et des besoins d'innombrables personnes et communautés. Des secteurs entiers ont été contraints de réévaluer les pratiques qui les ont soutenus pendant des années, et l'avenir de beaucoup d'entre eux a été placé dans un précipice d'incertitude. Face à l'attente de la réalité moderne, il est nécessaire de s'adapter à la mondialisation et aux nouvelles tendances d'achat. Ce chapitre cherchera à faire la lumière sur le concept de leadership réussi du facilitateur rural et à démontrer comment ses compétences particulières dans les domaines, notamment, de la gestion du temps, de la gestion des risques, de la prise de décision et de la négociation, permettent de s'adapter. Ce chapitre détaillera les qualités des sujets traités et expliquera pourquoi ces dernières sont particulièrement utiles pour garantir l'existence d'une CAAC dans les régions qui n'ont pas accès aux marchés ou aux produits.

Compétences en matière de gestion du temps

La gestion du temps est une composante importante de la vie moderne. Une gestion efficace du temps permet aux utilisateurs d'accomplir efficacement leur travail d'une manière organisée et logique. Elle permet aux entreprises et aux personnes de planifier leurs opérations de manière à maximiser leur journée de travail et à obtenir des résultats. Les observateurs des pratiques de gestion du temps ont de meilleures chances de survivre à la concurrence des entreprises et de prospérer.

La direction d'un organisme est son organe décisionnel visible, et elle doit donc représenter l'entreprise et ses employés. La gestion du temps commence avec cette direction, car c'est sa capacité à élaborer des plans pour envisager et atteindre des objectifs qui, en fin de compte, contribue au succès de l'entreprise. Dans le domaine agricole, les dirigeants doivent être parfaitement conscients des aspects agraires de leur travail ; la préparation de la terre, la plantation, la récolte et la livraison des produits sur le marché doivent se faire en temps voulu et avec précision pour éviter d'endommager les produits et obtenir un profit maximal. Les dirigeants agricoles sont des personnes dont l'expérience et la connaissance du secteur leur permettent de concevoir des plans en tenant compte de ces détails, une connaissance de la capacité de leur main-d'œuvre et des contraintes et objectifs financiers. Ces plans faciliteront une meilleure coopération avec le facilitateur rural, et profiteront ainsi à l'agriculteur, à ses travailleurs et aux consommateurs.

Le concept de gestion du temps est similaire à celui des investissements ; le résultat final de la gestion du temps est d'exploiter les ressources afin de les utiliser au maximum et d'obtenir le meilleur retour sur les fonds et les efforts investis (Adebis, J.f., 2012). Elle commence tout simplement par l'organisation de la journée de travail par la direction, en tant que reflet de la meilleure utilisation du temps des travailleurs et en relation avec leurs objectifs quotidiens. Chaque membre de l'équipe doit avoir des objectifs personnels qui complètent l'objectif du groupe - qui à son tour reflète l'objectif de l'entreprise. Dans le domaine de l'agriculture, cela peut être particulièrement important car les individus peuvent faire partie d'une exploitation agricole indépendante ou communautaire. Dans ce dernier cas, on remet en question l'avenir des familles et des communautés, qui dépendent de la ferme et, ostensiblement, de bonnes pratiques d'exploitation.

Au sein de la chaîne d'approvisionnement alimentaire courte, une bonne gestion du temps est cruciale pour le succès de la collaboration entre les parties prenantes. Il suffit de penser à un magasin de produits agricoles où les rayons doivent être remplis tous les jours et où la logistique des produits frais exige des solutions rapides.

Conseils pour une meilleure gestion du temps

Le marketing, les tâches administratives, la planification du marché et la projection des objectifs sont les principaux points à être abordés. 50% du temps est consacré aux fonctions essentielles du marché, comme l'interaction avec les vendeurs et les clients. La tâche principale est donc de hiérarchiser ces tâches et de consacrer le temps nécessaire aux plus importantes et aux moins importantes.

Tout d'abord, catégoriser les tâches et répartir le temps de travail entre elles peut aider le facilitateur rural à rester concentré sur sa tâche et à utiliser son temps de manière judicieuse. La deuxième étape consiste à programmer les activités et à leur attribuer un temps spécifique pour chacune et des catégories spécifiées afin qu'aucune d'entre elles ne soit oubliée. Dans un troisième temps, le programme peut ensuite alimenter une liste, ce qui permettra de s'assurer que rien n'est oublié ou répété. De cette façon, toutes les activités nécessaires à la construction d'une coopération efficace entre les CAAC peuvent être correctement menées et la chaîne ne comportera aucun maillon manquant (Conney, F., 2018).

Dans toutes les structures, les dirigeants doivent avoir une vision de l'organisation, être déterminés à réaliser cette vision et rester concentrés sur leurs objectifs finaux. Enfin, la gestion du temps peut accroître la fidélité envers l’organisme, car les employés qui ont le sentiment que leurs énergies et leurs capacités sont prises en compte peuvent se sentir plus concernés par le travail qu'ils font et donc, en fin de compte, être plus investis dans le succès de leur employeur.

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Figure 30 Flux de travail harmonisé. Source : composition personnelle.

La gestion des risques

L'apparition de risques est un élément qui peut être lié à des effets négatifs dans l'agriculture. Il a été défini comme la possibilité d'un événement catastrophique pouvant entraîner un changement de situation (Quinn, F.,2006). Ce changement peut avoir des effets positifs, mais il peut aussi avoir des conséquences défavorables sur l'économie ou la sécurité. Le risque menace la chaîne d'approvisionnement car son apparition peut toucher des personnes ou des processus n'importe où, du fournisseur au consommateur en passant par les objectifs finaux de l'agriculteur/individu/entreprise, et il peut affecter plus d'une partie de cette chaîne à tout moment (Paulson, U., 2005). Le risque peut survenir dans l'exploitation elle-même ou son plan stratégique. Il peut toucher les opérations ou les partenaires, et il est entouré d'incertitudes, ce qui le rend d'autant plus dangereux.

Dans l'agriculture, les risques pour la chaîne d'approvisionnement peuvent affecter la production, le volume de la production, la valeur de la production, les consommateurs et les fournisseurs eux-mêmes. Les risques de la chaîne d'approvisionnement impliquent un danger pour la chaîne, des dommages aux marchandises et des préjudices pour le consommateur et le producteur (Harland, C., Richard B., & Helen, W., 2003). De plus, ces risques peuvent même être des éléments internes de la chaîne, comme le producteur et la production, ou externes, s'étendant alors aux consommateurs. (Bryceson K. P., & Smith C. S., 2008). Comme les membres de la chaîne d'approvisionnement travaillent en étroite collaboration les uns avec les autres pour faciliter les résultats, les risques ont en fin de compte un impact sur chaque personne et chaque région. Les risques agricoles peuvent être naturels (c'est-à-dire environnementaux, météorologiques, biologiques, etc.) ou liés au marché (y compris la logistique, l'infrastructure, la politique, etc.) En soi, ces risques sont suffisamment problématiques. Combinés, ils peuvent être dévastateurs pour les agriculteurs. Par exemple, une inondation peut immédiatement impacter les cultures et le bétail. Mais en même temps, elle peut aussi avoir des conséquences graves sur les moyens de transport qu'un agriculteur utilise pour acheminer ses produits vers le marché. L'agriculteur ne peut donc pas vendre et les consommateurs ne peuvent pas acheter. Les deux côtés de la chaîne alimentaire sont affectés par une cause originale qui a déclenché des risques supplémentaires (Jaffee, S., Siegel, P., & Andrews, C., 2010).

Une méthode de lutte contre le risque qui pourrait s'avérer utile est la formation d'un conseil d'administration qui peut surveiller les clients et les tendances en matière de croissance ou de pertes, observer les relations entre les clients et les producteurs, et estimer le risque que les producteurs acceptent de prendre lorsqu'ils s'engagent sur le marché. Il s'agit d'une sorte de prévention des risques ainsi que de gestion de ceux-ci. Les membres du conseil d'administration doivent être des experts en CAAC ou en agriculture qui peuvent offrir des conseils et des orientations aux facilitateurs ruraux et aux producteurs. Un conseil d'administration peut être un moyen utile d'atténuer les risques potentiels et d'aborder les risques actuels. Les facilitateurs ruraux doivent s'efforcer de maintenir une conscience de la situation et de comprendre les règlements, la législation et les besoins du marché et des producteurs impliqués dans cette étape particulière de la CAAC (Manuel de formation des gestionnaires de marché, 2010).

Risques naturels

Les problèmes liés à la météo sont une menace persistante qui affecte immédiatement les agriculteurs, les consommateurs et l'économie. L'économie souffre à cause de l'affaiblissement de la chaîne d'approvisionnement en raison des conditions météorologiques et des événements inattendus (Maccini, S., & Yang, D., 2009). Même si les mauvaises conditions météorologiques échappent au contrôle de l'homme, elles peuvent néanmoins interrompre de manière significative les opérations de communication, des transports et de l'industrie énergétique. Chacun de ces éléments a un impact considérable sur les agriculteurs et les consommateurs, surtout lorsqu'ils luttent pour faire face à la perte de disponibilité du marché qui s'ensuit (Jaffee, S., Siegel, P., & Andrews, C., 2010). En 2012, ce phénomène était clairement visible aux États-Unis. 80 % des terres ont été touchées par la sécheresse, ce qui a fait souffrir les acheteurs, les transformateurs et les négociants. Toute la chaîne d'approvisionnement américaine a été compromise d'une manière ou d'une autre par les événements écologiques incontrôlables (USD, 2012).

Outre les conditions météorologiques, les risques biologiques sont également des problèmes d'origine naturelle. Ils sont le plus souvent visibles dans les expressions génétiques ou les maladies, ces dernières étant souvent observées dans les élevages laitiers, porcins et avicoles mais les parasites peuvent également affecter la production végétale (Baltussen et al., 2006). Parmi les nombreuses maladies qui peuvent affecter le bétail, celles qui sont particulièrement préoccupantes sont les maladies contagieuses, car leur impact peut facilement se répercuter tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Ceci, à son tour, met en danger les marchés et consommateurs. Ce risque n'est pas nouveau et a été récemment identifié sur le marché aux poissons de Wuhan, où la tristement célèbre COVID-19 est apparue. Cependant, nous pouvons mentionner quelques exemples européens qui prennent en compte ce sujet. Par exemple, en 2011, une infection par E.coli sur des concombres originaires d'Égypte a causé 53 décès en Allemagne, ou la crainte de la maladie de la langue bleue (Lebeau, P., 2021) déclenchée dans les chaînes alimentaires courtes en France pendant les années 90. Afin d'atténuer les effets des maladies, la règle la plus importante à suivre est l'hygiène. Cela pourrait également avoir un impact positif sur l'environnement, car de bonnes pratiques opérationnelles hygiéniques garantiront des espaces de travail plus propres et une élimination plus prudente des déchets.

Risques liés au marché

Après avoir expliqué les risques naturels possibles, il est maintenant important de considérer les risques "artificiels" qui menacent la CAAC. Ils sont classés dans la catégorie des "risques liés au marché" car ils sont associés et ont un impact direct sur le marché, le consommateur et le producteur. Ils incluent :

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Figure 31 Risques liés au marché. Source : composition personnelle

La chaîne d'approvisionnement de l'agriculture est le résultat de l'offre et de la demande. Certains risques liés à la chaîne d'approvisionnement proviennent soit d'événements physiques, tels qu'une interruption de la production due à un dysfonctionnement mécanique, soit de problèmes liés à la demande, tels que les besoins des clients, les croyances des clients, la sécurité alimentaire, les réglementations en matière de sécurité alimentaire, les changements de réputation de la chaîne d'approvisionnement, la fiabilité de la chaîne d'approvisionnement et les changements de prix (Jaffee, S., Siegel, P., & Andrews, C., 2010). Ces facteurs déforment alors les projections faites précédemment (conçues par les agriculteurs et les entreprises) qui ont été planifiées en fonction des besoins démontrés du marché. La conséquence est que les campagnes de marketing, les systèmes de prix, les efforts promotionnels et le rationnement des quantités sont perturbés et doivent être recalculés. La chaîne d'approvisionnement est également calculée de manière à ce qu'elle reflète les besoins du marché. Lorsque ces besoins sont reconfigurés (par des événements naturels, la mobilisation de la population, le changement des préférences alimentaires, etc.), la chaîne d'approvisionnement doit également être redessinée afin de répondre à nouveau aux demandes en bout de chaîne. En matière des CAAC le principal risque est le manque de connaissances sur les habitudes et les tendances des consommateurs et la manière de s'adapter efficacement à ces facteurs. Dans de nombreux pays européens, des chercheurs ont souligné que les agriculteurs pouvaient gérer leur entreprise de manière adéquate s’ils avaient des connaissances approfondies en matière de marketing ou dont la coopération était en mesure de payer des experts.

La qualité des moyens de production, ainsi que celle du produit lui-même, peuvent affecter l'agriculture. Les facilitateurs ruraux peuvent souhaiter arrêter ce problème avant qu'il ne commence en comprenant les capacités de production des agriculteurs. Les demandes des consommateurs devraient être ostensiblement comparées à la qualité potentiel des producteurs afin de déterminer si ces demandes peuvent être satisfaites.

Les risques logistiques peuvent être associés à des risques infrastructurels. La disponibilité d'un produit et son arrivée sur le marché sont étroitement liées aux moyens d'énergie et d'information disponibles, car ces deux outils ont une incidence sur son transport. La logistique garantit principalement que la production peut se faire à une échelle suffisamment grande pour répondre à la demande des consommateurs. Cependant, elle vise également à garantir que le résultat de cette production soit livré avec succès aux consommateurs et devienne ainsi une réussite financière pour le producteur. La logistique traite de la manière dont un produit sera expédié, du lieu et du moment où il sera livré, ainsi que du coût de la livraison (Aghazadeh, S., 2004). La logistique ne se limite pas à la livraison. Elle détermine également la manière dont les commandes sont traitées, produites, commercialisées (Jaffee, S., Siegel, P., & Andrews, C., 2010). La logistique doit être utilisée pour prendre en compte tout, de la main-d'œuvre (qui comprend les coûts, le type et l'utilisation) au transport (qui englobe les coûts, le type et l'utilisation), en passant par les questions juridiques (telles que les tarifs, les taxes, le passage des frontières et les réglementations). Il est essentiel de les prendre en compte à chaque étape de la chaîne d'approvisionnement, car leur utilisation efficace aura des conséquences positives pour toutes les parties concernées. Dans le cadre des CAAC, le maintien de la chaîne du froid doit également être pris en compte car il nécessite des installations spéciales de la part des agriculteurs. Les facilitateurs doivent aider les producteurs à utiliser l'équipement le plus adéquat en fonction de leurs produits. Il convient de mentionner ici que le marché fournit de nombreuses solutions innovantes pour les agriculteurs afin de réduire le risque de la logistique, comme les distributeurs automatiques des agriculteurs, les services en drive, les services de transport, etc.

Il convient également de mentionner brièvement les facteurs de risque politique. Le facteur de risque politique est souvent mentionné comme le facteur le plus difficile dans l'organisation des chaînes d'approvisionnement alimentaire courtes. La raison en est que les parties prenantes des CAAC sont généralement les plus petits producteurs qui utilisent des connaissances traditionnelles, des méthodes pour produire des aliments locaux. Les méthodes traditionnelles ne sont pas largement utilisables en raison de leurs risques hygiéniques. La vente est donc autorisée sur des bases locales où les vendeurs et les consommateurs se connaissent. Ces diverses méthodes locales et traditionnelles rendent l'harmonisation des politiques compliquée car il n'existe pas de règles qui conviennent à tous. L'autre aspect des risques politiques concerne les propriétés innovantes de la logistique, des solutions de vente, qui exigent également des lois innovantes en matière de fiscalité, de travail et de commerce. Le troisième point concerne les politiques de soutien qui conviennent aux gros producteurs dont les principaux revenus proviennent des produits agricoles conventionnels. Ils sont les principaux bénéficiaires des subventions européennes et nationales. Étant donné que les agriculteurs des CAAC sont généralement de petits agriculteurs ou des entreprises familiales diversifiées qui vivent du tourisme rural, d'autres services ruraux, de la transformation, etc. En résumé, les facilitateurs ont un rôle crucial à jouer pour atténuer les risques politiques ensuivant les règles et les politiques. En outre, les risques politiques sont généralement difficiles à prévoir et à mesurer ; et le soutien et les possibilités des petits agriculteurs européens et des acteurs de la CAAC dépendent de deux niveaux : national et européen.

Les risques sont des éléments omniprésents dans la vie. Dans le secteur agricole, les risques sont soit naturels, soit d'origine humaine. Les facilitateurs ruraux doivent faire face à ces risques afin de remplir efficacement leurs obligations envers les producteurs et les consommateurs. Pour faire face efficacement aux risques, le facilitateur rural doit prendre en compte les autres sphères que les risques affectent, qui peut être touché, et quel sera le niveau d'impact. Comme dans le cas des risques naturels, il n'est pas toujours possible d'éviter complètement l'apparition d'un événement négatif. Toutefois, l'identification des risques et la compréhension de leur potentiel constituent la première étape d'un traitement efficace des risques.

Négociations

La négociation "est un processus dans lequel les intérêts de deux ou plusieurs parties sont harmonisés pour atteindre un résultat commun" (Worldagroforestry, 2013). Pour les facilitateurs ruraux, il s'agit du processus de communication entre les producteurs ruraux et les fournisseurs. Ils sont utilisés pour permettre aux agriculteurs d'accéder à des marchés auxquels ils ne pourraient pas accéder autrement. Pour comprendre comment cela se produit, il est nécessaire d'utiliser ce que l'on peut considérer comme de la "diplomatie". Dans ce sens, la diplomatie est l'effort du facilitateur rural pour ouvrir et permettre la communication entre l'agriculteur et les marchés, en utilisant sa compréhension des besoins et des capacités de l'agriculteur et des besoins et des capacités du marché.

En ce qui concerne l'agriculteur, la diplomatie doit reconnaître la réalité de l'agriculteur et les capacités de son exploitation. Du point de vue du marché, cela exige une connaissance de ce qui est autrement disponible pour les consommateurs et de ce qui leur manque.

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Figure 32 Marché de producteurs. Source : https://www.slowfood.com/slow-food-earth-markets-a-farmers-market-like-no-other/

L'organisation de marchés fermiers est l'un de ces moyens d'établir cette relation. Ceux-ci rassemblent de petits agriculteurs dans des zones spécifiques et utilisent la publicité pour informer les consommateurs de la disponibilité de fruits et légumes frais. La publicité, qui est à la fois externe et interne au marché fermier, peut permettre aux consommateurs de connaître certains aspects de leurs agriculteurs qui inspirent la confiance dans les produits de l'agriculteur et favorise un lien entre l'agriculteur et le consommateur. Les points qui mettent en évidence l'originalité de l'exploitation, comme le fait que l'exploitation soit gérée de manière biologique, qu'elle soit gérée par des agricultrices ou la mise en œuvre de méthodes agricoles inédites sont autant de points qui rendent l'exploitation attractive pour le consommateur (Buila, S. B., 2014). Lorsque les consommateurs peuvent voir l'agriculteur, goûter la différence dans la nourriture qu'ils ont achetée, et apprendre ce qui rend leur fournisseur unique, cela encourage la création d'un lien psychologique qui permet de fidéliser les clients. Au fil du temps, ce lien se renforcera et la fidélité du consommateur s'étendra à d'autres par le bouche à oreille. Comme de plus en plus de personnes sont attirées par le marché fermier, l'agriculteur a une chance de faire des profits plus élevés localement, et donc de réduire ses coûts de transport. Cela profite également l'agriculteur, qui acquiert une connaissance plus approfondie de ses clients et est en mesure de déterminer ce qu'ils sont le plus susceptibles d'acheter, quelles sont leurs préférences d'achat à long terme, et ainsi pouvoir planifier ses futures plantations de manière à répondre aux besoins et aux désirs du marché local.

Les marchés de producteurs ne sont pas la seule solution pour permettre aux agriculteurs de vendre leurs produits. Mais ils constituent un début de solution qui fait appel à la diplomatie. Les facilitateurs ruraux peuvent les utiliser pour évaluer les besoins du marché local et déterminer d'autres méthodes possibles pour donner aux agriculteurs la possibilité de vendre leurs produits directement aux clients. En faisant preuve de diplomatie et en prenant le temps de comprendre les agriculteurs, les clients et les besoins et objectifs des uns et des autres, il est possible d'établir des marchés et de favoriser des relations à long terme qui permettront aux deux parties d'atteindre leurs objectifs.

La négociation est une partie cruciale du travail du facilitateur rural, car les prix associés à la chaîne d'approvisionnement alimentaire courte ont un impact sur les deux extrémités de la chaîne d'approvisionnement - affectant les fournisseurs et les consommateurs. Les agriculteurs eux-mêmes peuvent ne pas être conscients de l'importance de la négociation, ni savoir comment négocier efficacement en leur faveur. Dans ce cas, les facilitateurs ruraux peuvent présenter à l'agriculteur l'idée d'une "négociation accrue". Selon la Communauté européenne, un "pouvoir de négociation accru" confère à la partie en question un poids plus important dans la négociation de ses contrats. Grâce à ce poids, elle peut garantir des conditions équitables dans le contrat et obtenir effectivement l'accès nécessaire pour s'engager sur des marchés publics ou des marchés qui existent à une plus grande échelle. En outre, leur voix aura la force nécessaire pour attirer l'attention des décideurs sur ces questions particulières qui sont les plus pertinentes pour leur propre vie (Commission européenne, 2015).

Bien que la négociation soit attrayante, il convient de noter que ce conseil s'adresse généralement aux fournisseurs de taille moyenne et grande, car les plus petits fournisseurs ne seraient pas en mesure d'assumer les coûts de négociation de leurs produits. La négociation des prix ne s'étend pas seulement aux fournisseurs ; le consommateur est également considéré comme faisant partie de ce processus. Le prix de la CAAC peut même être convenu (par la négociation) par les consommateurs et les agriculteurs, une fois que leurs interactions sont devenues fréquentes et qu'une relation s'est établie. (Belletti, G., Marescotti, A., 2020). Les services des facilitateurs ruraux peuvent être utilisés dans ce domaine pour fournir une assistance logistique aux marchés locaux à la recherche de marchandises et pour concevoir des techniques de commercialisation de la part des producteurs. En outre, les facilitateurs ruraux peuvent s'avérer très précieux surtout dans le délicat processus de formation de plates-formes communes de commercialisation. Celles-ci permettront aux producteurs d'avoir un lieu de rencontre où ils peuvent interagir avec les magasins qui cherchent à distribuer leurs produits. Le dernier point de négociation où les facilitateurs ruraux sont tout à fait nécessaires est le monde du détail, où la négociation des coûts, des prix et des fournitures est un processus délicat. Les agriculteurs ne doivent pas se lancer seuls dans ce processus, surtout s'ils ne sont pas au courant des directives procédurales qui pourraient les aider dans leurs efforts. Les facilitateurs ruraux s'assureront que l'agriculteur et le détaillant reçoivent une compensation pour leurs efforts qui soit juste et égale aux efforts déployés (Belletti, G., Marescotti, A., 2020).

La gestion des conflits est une partie importante du travail du facilitateur rural. Le conflit peut ne pas apparaître aussi évident comme deux individus qui se crient dessus ; il peut se manifester par des différences de facturation, des échecs organisationnels, des désaccords et des différences culturelles. Partout où il y a plus d’une opinion, il peut y avoir un conflit. L'important est que le facilitateur rural soit un intermédiaire calme, en utilisant sa connaissance du problème, des parties concernées et de la solution souhaitée. Il doit agir avec considération, indépendamment des différences de personnalité ou des sentiments. L'écoute active est le meilleur moyen d'y parvenir, car une fois que le facilitateur rural a compris toutes les parties (leurs opinions, les raisons de leur désaccord et leurs objectifs finaux), il peut plus sûrement formuler une solution au conflit. Lorsque le conflit est résolu, les parties et le facilitateur rural se trouvent à un pas de plus d'assurer la formation d’une CAAC (Farmers Market Manager Training Manual, 2009).

Négociations et risques

Bien que les marchés de producteurs soient un excellent moyen de mettre en relation les agriculteurs et les consommateurs, la formation d'un CAAC peut ne pas être simple. Il peut y avoir plusieurs mésaventures dans l'approche de l'idée du marché de producteurs. Les agriculteurs peuvent être enthousiastes à l'idée de vendre leurs produits mais ne pas savoir comment exposer leurs produits, de faire de la publicité pour leur offre ou d'attirer les clients. Les facilitateurs ruraux peuvent favoriser une meilleure compréhension du marché et consolider cette étape des CAAC en travaillant avec les agriculteurs pour développer leur connaissance des méthodes de publicité, ainsi que de la gouvernance locale concernant la vente de marchandises. Cela nécessite une connaissance des règles locales, des marchés locaux, et un lien personnel avec les agriculteurs et les producteurs. Le facteur personnel donne à l'agriculteur ou au producteur le sentiment d'être respecté ou compris. Ce qui les encouragera à s'ouvrir au facilitateur rural et à discuter de leurs déficits de connaissances ou de leurs besoins afin que le facilitateur puisse mieux les aider. Une telle relation se construit au fil du temps, et il faut de la patience, surtout lorsque l'environnement de vente peut sembler moins qu'idéal. Les points importants à retenir sont la communication et la patience, car les subtilités locales peuvent ne pas être évidentes et la personnalité et les besoins de l'agriculteur doivent également être pris en compte. Il faut également tenir compte de la personnalité et des besoins de l'agriculteur. Le facilitateur rural apporte son expertise à l'agriculteur, mais il est aussi une sorte de système de soutien pour l'aider à surmonter les aspects bureaucratiques et pratiques de l'étape du marché de producteurs dans le cadre des CAAC (Farmers Market Management Skills : Farmers Market Management Series, 2005).

Des associations peuvent être formées entre les agriculteurs, entre les agriculteurs et le gouvernement, et entre les agriculteurs et les groupes d'entrepreneurs. Elles sont souvent formées localement et ne font pas partie de systèmes agricoles officiels plus vastes officiels (Nations unies, 2020). Chacun de ces partenariats peut se concentrer sur un aspect spécifique des suivants :

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Figure 33 Aspects spécifiques des partenariats. Source : composition personnelle

Ces crises peuvent être dévastatrices pour les moyens de subsistance des agriculteurs. Cependant, avec l'aide de groupes plus importants et d'organismes de surveillance, les agriculteurs peuvent traverser ces périodes et recalculer leurs projections. Les facilitateurs ruraux peuvent s'efforcer non seulement de surmonter les problèmes actuels des agriculteurs, mais aussi à envisager le long terme, à anticiper les problèmes, à élaborer des plans pour les surmonter et à donner ainsi aux agriculteurs un certain degré de contrôle sur des éléments autrement incontrôlables. Avoir le contrôle pourrait avoir des résultats multiples ; le Programme alimentaire mondial des Nations unies a suggéré que si des solutions et un soutien étaient mis à la disposition des partenaires agricoles dans le cas des agricultrices, par exemple, la production agricole de ces dernières se traduirait à elle seule par une augmentation de la production qui pourrait répondre aux besoins de sécurité alimentaire de près de 150 millions de personnes (Programme alimentaire mondial, 2021).

Les facilitateurs ruraux sont confrontés à la question de l'élargissement de la clientèle des agriculteurs, qui s'appuient souvent sur des bases locales. Dans les grandes villes, ce problème est tout aussi critique car de nombreux consommateurs qui souhaitent avoir des habitudes alimentaires plus saines peuvent ne pas avoir accès à la production fraîche. Les facilitateurs ruraux peuvent donc utiliser des programmes destinés aux petits exploitants, tels que l'initiative "Purchase for Progress" ou le groupe "Market Alliance", qui planifient et mettent en œuvre des initiatives d'investissement visant à amener les agriculteurs sur les marchés et à les éduquent sur les besoins des consommateurs, ce qui les incite à mettre en œuvre des pratiques de diversification des cultures et à étudier différentes perspectives commerciales (Programme alimentaire mondial, 2021). Le résultat est un scénario gagnant-gagnant, car les agriculteurs deviendront de plus en plus sûrs de leurs perspectives commerciales et les consommateurs auront accès à des aliments plus sains. Des deux côtés de l'équation, les modes de vie auront la possibilité d'être améliorés et modifiés pour le mieux.

Les facilitateurs ruraux peuvent également augmenter les transactions d'un agriculteur en explorant des marchés alternatifs. En général, lorsqu'on pense à une "base de consommateurs" de produits, on pense immédiatement à des individus ou des familles. Cependant, il existe de nombreux autres consommateurs sur le marché pour lesquels les facilitateurs ruraux peuvent être le moyen de connexion pour les agriculteurs. Les écoles, les hôpitaux, les refuges pour sans-abri, et même les groupes des forces armées ont tous besoin d'aliments nutritifs en grandes quantités. Le problème est de savoir comment contacter les agriculteurs, et pour les agriculteurs, la manière de négocier leur entrée dans les contrats. Les facilitateurs ruraux peuvent effectivement servir d'intermédiaire entre ces deux groupes et les placer dans un partenariat mutuellement bénéfique.

Les facilitateurs ruraux peuvent être utilisés pour améliorer l'accès au marché des agriculteurs locaux en sensibilisant les consommateurs et en formant des partenariats entre les consommateurs et les agriculteurs, ainsi qu'entre les agriculteurs eux-mêmes. De cette manière, les relations entre le marché et les clients sont établies et développées, les partenariats entre les agriculteurs sont encouragés, et la stabilité de la chaîne alimentaire est assurée. Les groupes d'entrepreneurs peuvent être utilisés pour favoriser ces relations et continuer à développer des idées innovantes pour relier les consommateurs aux producteurs. Les agriculteurs ont besoin de clients, et les clients ont besoin d'une alimentation saine et produite de manière fiable. Les facilitateurs ruraux peuvent faire en sorte que ces deux groupes se rencontrent. Le défi est d'utiliser la diplomatie pour construire des relations durables qui fonctionnent sur le long terme.

La prise de décision

Le dernier point de discussion concernant les compétences de leadership nécessaires à un facilitateur rural est la capacité à s'engager avec succès dans le processus de prise de décision. Grâce à leurs connaissances de base et à leur approche professionnelle des efforts commerciaux, ils peuvent être de fervents défenseurs des agriculteurs avec lesquels ils travaillent, et utiles pour les entreprises commerciales qu'ils facilitent la communication. Ils peuvent accélérer et conclure des processus décisionnels qui, autrement, pourraient rester sans solution pendant de longues périodes. La prise de décision est une synthèse des compétences du facilitateur rural, car la capacité à obtenir une décision qui profite à l'agriculteur et à son marché est le fruit d'un leadership fort, d'une compréhension de la gestion des risques et de compétences de négociation efficaces. Des leaders compétents de peser les risques et de négocier des accords optimaux.

Conclusion :

Le facilitateur rural utilise les compétences en matière de gestion du temps, de gestion des risques, de prise de décision et de négociation afin d'assurer l'existence d'une CAAC dans les zones qui ne peuvent pas accéder aux marchés ou aux produits frais. La gestion du temps permet au facilitateur rural de prendre en compte toutes les tâches nécessaires et de les formuler en listes faciles à gérer. Les compétences en matière de prise de décision permettent de décider à partir de cette liste ce qui est important dans l'immédiat et ce qui peut être fait plus tard, afin de maintenir l'élan vers la réalisation des objectifs. Enfin, la négociation est un élément nécessaire pour réussir le CAAC. Les négociations entre les producteurs, les fournisseurs, les transports et les marchés doivent toutes être conclues dans le respect des personnes et des entreprises impliquées, ainsi qu'une attention particulière pour les objectifs finaux. En utilisant la gestion du temps, la gestion des risques, la prise de décision et les compétences en matière de négociation, le facilitateur rural est en mesure de garantir l'utilisation de la CAAC et d'en faire bénéficier les agriculteurs et les consommateurs, ainsi que toutes les parties associées.

Ressources :

Négociations :

https://www.youtube.com/watch?v=IxNqIyucI70

https://www.youtube.com/watch?v=RW3TiF-OTRc 

https://www.youtube.com/watch?v=ZkKObd3wFVc

Prise de décision :

https://www.youtube.com/watch?v=d7Jnmi2BkS8

https://www.youtube.com/watch?v=KkyzYjPuxK8

https://www.youtube.com/watch?v=pPIhAm_WGbQ

La gestion des risques :

https://www.youtube.com/watch?v=o80PfIGYVvI

https://www.youtube.com/watch?v=8JwnRF-6YOI

https://www.youtube.com/watch?v=FWvq7RGD5eU

Gestion du temps :

https://www.youtube.com/watch?v=1tzL7azr_Hw

https://www.youtube.com/watch?v=m9sQQ8lQYdM

https://www.youtube.com/watch?v=1PiHGTZJvmw